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Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2018-03-31T07:46:38+00:00


L’opinion Anglo-Saxonne.

Juin 1943

L’opinion anglo-saxonne continue de marquer, en face des gigantesques sacrifices russes, un optimisme surprenant. Comme chaque chose en ce monde, cet optimisme a son bon et son mauvais côté. Il a aussi son côté ridicule. Il donne même parfois l’impression désagréable que le public a pris tellement l’habitude de lire chaque matin dans la presse le récit d’hécatombes héroïques sur le Dniepr, que, si, par hasard, la nouvelle venait à lui en manquer, il chargerait le directeur du journal de protester vigoureusement auprès de Staline. « J’ai mal à votre poitrine », écrivait un jour Madame de Sévigné à sa fille. Il serait souhaitable que nous ayons un peu plus souvent mal à la poitrine des Russes...

Puisque la France n’a plus la parole nulle part, je suis certain que mes fidèles et aimables lecteurs ne refuseront pas à un simple Français le droit de dire personnellement ce qu’il pense. Hé bien ! je pense que la grande et presque maladive répugnance que l’Isolationnisme a toujours montrée pour la guerre avait peut-être quelque chose d’honorable en temps de paix. La question est, du moins, discutable. Mais une fois entrés dans la guerre, l'honneur — ou plutôt la simple honnêteté — c’est de la faire à fond. Je suis d’ailleurs absolument d’accord sur ce point avec M. Roosevelt, qui, en tant d’occasions, n’a jamais cessé d’inviter le peuple des États-Unis à se préparer virilement aux épreuves indispensables. Il est impossible, comme dirait M. de la Palisse, de faire la guerre sans se tuer. Et l’implacable logique de la guerre veut qu’on se fasse tuer finalement d’autant plus, qu’on a d’abord marchandé son risque. On ne « roule » pas la guerre comme un mauvais débiteur son créancier. Tôt ou tard, le jour de l’échéance arrive, il faut payer. Tout se paie. Si les Isolationnistes américains, par exemple, au milieu d’un monde à l’agonie, ont pu — de 1934 à 1941 — se consacrer tranquillement à leur campagne électorale contre M. Roosevelt financée par les Trusts, c’est grâce aux sacrifices successifs de la Chine, de l’Ethiopie, de la Tchécoslovaquie, de l’Espagne, de la Pologne, de la France, de la Serbie, et enfin de la Grèce héroïque. Tandis que se jouait le grand match politique américain que devait seulement interrompre le désastre de Pearl Harbour, des armées étaient anéanties, des villes éventrées par les bombes, des peuples réduits en servitude. Comme disait un jour le vice-président des Etats-Unis, M. Wallace, « l’Isolationnisme a beaucoup de sang sur les mains ». Il ne les lavera que dans le sien.

Lorsque je parle ainsi, je me montre beaucoup plus soucieux de l’intérêt et de l’honneur américains que certains journalistes des deux mondes, dont le zèle n’est malheureusement pas toujours désintéressé. En face du retardement de l’offensive, l'idée ne me viendrait même pas de rendre responsable d’une lenteur si préjudiciable non seulement aux Russes, mais au monde entier, non moins menacé par une victoire trop tardive que par une paix prématurée, le combattant de l’Armée des États-Unis.



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